La genèse du Prix par Patrick Gobert (4) : le recrutement du jury expert (suite).

Le Toit Citoyen

Yazid ne prit pas le temps de....refuser mais me prévînt tout de suite qu’il n’aurait peut-être pas le temps de tout lire. C’était un risque à prendre et je le prenais car le plus important pour moi était de l’avoir à mes côtés pour cette première édition.

Olivier prit ses pas et fut vite choisi comme un grand frère par les deux autres compères qui connaissaient sa rigueur pour leur rappeler régulièrement les échéances qui arrivaient vite.... C’est d’ailleurs ce qui se vérifia. L’intuition était bonne et Olivier suivit les étapes avec son sérieux évoqué mais aussi une curiosité pleine d’appétit... L’avocat en droit du travail qu’il est se félicita régulièrement de participer à cette aventure et nous apporta son regard d’expert, un regard posé...

Il ne restait plus qu’à intégrer des femmes dans ce jury afin d’être en cohérence avec les valeurs du Toit Citoyen concernant l’égalité Femmes/Hommes. Ma réflexion ne fut pas de choisir des femmes pour compenser ce manque de parité mais de proposer vraiment des profils en lien avec le Prix, avec une expertise sur le monde du travail comme pour les hommes cités précédemment...

Le partenariat avec Social CE mit en avant rapidement sa rédactrice en chef, Ciruela Barreto, qui avait toute la légitimité pour participer à ce tour de table. Son engagement tant dans la vie professionnelle que privée est un exemple pour nous tous et son honnêteté intellectuelle parfois poussée à l’extrême par son indépendance journalistique, un gage de sécurité pour le jury qui s’annonçait. Ciruela fut partante, trouva le projet passionnant et prit son rôle à cœur...

Elle fut rejointe le même jour par une autre journaliste, un autre style, une autre manière d’écrire la vie au travail : Elsa Fayner. Ce petit bout de femme est dans la lignée des Marie Pezé ou autres personnages engagés et décidés à ne pas se taire... Elle le prouve au quotidien en animant un blog très bien fait (Et voilà le travail) et au travers des nombreux reportages TV ou livres auxquels elle a participé, que ce soit les « Infiltrés » qui la mirent sur le devant de l’écran ou son ouvrage témoignage sur la précarité de l’emploi de caissière « Et pourtant je me suis levée tôt ». Elsa fut une des premières invitées à la Tribune du Toit Citoyen et sa capacité d’analyse renforçait l’équipe...

La troisième femme devait représenter les directions d’entreprise. Elle fut choisie par son investissement à la direction de Sodexo Solutions de Motivation France et son engagement sur les valeurs citoyennes du Groupe Sodexo, créé par l’emblématique Pierre Bellon, valeurs conjuguées dans plusieurs slogans tels que « la qualité de vie au quotidien » ou « faire de chaque jour un jour meilleur ».... Elle s’appelle Anna Notarianni et via Tir groupé, le département de SSMF consacré aux Chèques Cadeaux, son entreprise parraine le Toit Citoyen depuis sa création. Sans eux, à la fermeture irrémédiable du Toit de la Grande Arche en mai 2010 et à l’expulsion du Toit Citoyen par le ministère de l’écologie, propriétaire des lieux, reprenant la gestion de son bien dans l’urgence pour y faire des bureaux (à ce jour tout est fermé, ce n’est pas très écologique !), le Toit Citoyen serait aujourd’hui mort... Mais c’est avant tout sa passion et sa volonté d’amélioration des conditions de travail, du management intelligent, de l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée, qui la rendirent légitime à nos yeux. Nous reparlerons de cette femme aux talents...hauts !

J’ai gardé volontairement le dernier juré pour la fin car lorsque je l’ai choisi, il se battait farouchement contre son cancer. Sa volonté de participer au Prix décuplait ses forces de plus en plus inégales. Je vous avoue avoir pensé que l’inscrire dans le futur pouvait l’aider dans son combat pour vivre. J’y ai cru comme lui peut-être, même si sa pudeur légendaire ne laissa rien transpirer... Bernard-Pierre Donnadieu, acteur remarquable à la vie romanesque, de ces romans en noir et blanc, ne put honorer cette sorte d’ultime engagement. Il disparut à la fin de l’année 2010 en emportant ses dernières critiques sur un monde du travail qu’il connaissait bien et que nous découvrirons ensemble la prochaine fois....


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